Samedi 21 Août, a eu lieu comme d’habitude le #HighdigenousTalk. Kabakoo a eu le plaisir d'être reçu par l’Association des communicateurs du Mandé au domicile de leur président Djeli Siaka Kouyate.
Les échanges ont porté sur le Djeliya (le rôle des Djeli dans la société mandingue), son origine, la mauvaise traduction du terme “djeli”, qui selon les djelis ne correspond guère au terme français de “griot”; c'était également le lieu avec ces maîtres de la parole de discuter sur ce qu’est la sagesse et qui peut être appelé savant ou intellectuel dans les sociétés Africaines contemporaines.
La discussion a commencé par le cas de la traduction de mot Djéli, mot désignant les communicateurs traditionnels en Bamanankan traduit en français par “griot”, traduction qui n’est pas appropriée vu le rôle des djeli qui est loin d'être comparé à un travail de griot. Selon les termes de Djéli Bakoroba Diabate,
“Griot est une mauvaise traduction de djeli, mais c’est la manière dont les Français ont décidé de le traduire; griot est plutôt la traduction de Yala-yala-la, les personnes qui étaient chargées d'annoncer les informations dans la communauté en passant dans les rues. Le rôle du djeli n’est pas cela et est plus important, les djélis sont à la fois des maîtres de la parole, des communicants hors normes qui sont les chargés de communication des puissants et dirigeants, des grandes familles ainsi que de toute la communauté. Ils étaient les négociateurs, les conciliateurs de la société.”
Il était également lieu d'échanger sur le sens du mot intellectuel dans les sociétés africaines actuelles. Qui est peut être appelé·e intellectuel·le et quand dit-on qu’une personne est un·e intellectuel·le. Ce mot est souvent utilisé pour définir ceux ayant fait des études supérieures; ce qui peut fortement prêter à confusion car il y a toujours eu des intellectuels en Afrique bien avant la colonisation et la venue du système scolaire occidental. Pour Djéli Kante Natunbé,
“L'intellectuel est celui qui a une certaine connaissance de la vie, un amour de la réflexion et de la chose vraie et juste. Si ceux et celles que nous appelons intellectuel·le·s étaient vraiment des intellectuel·le·s nos pays ne seraient pas dans l'état dans lequel ils sont actuellement. Cela montre à quel point la définition que nous donnons à ce mot de nos jours est erronée.”
Djeli Siaka Kouyate ajoute,
“Lors de la structuration de la société Mandingue, c’est Soumaoro Kante et Balla Fasséké (le djeli royal), ces deux intellectuels ont bâti les bases de la société Mandingues sur le Adamadenya (l’humanisme), le Horonya (la dignité), le Balimaya (la parenté), le Sinankouya (“le cousinage à plaisanterie”) et le Teriya (l’amitié).”
A la question de savoir pourquoi les djélis détenteurs des savoirs endogènes ne sont pas invités à partager leurs expériences dans les écoles et les universités, voire même pour dispenser des cours, les djélis ont trouvé plusieurs explications. Selon eux il y a déjà une barrière linguistique. L’enseignement dans les écoles se fait en français, et très souvent il est même interdit de parler les langues locales dans les structures éducatives. En outre, les djélis ont aussi parlé de la mauvaise compréhension des responsables d’établissements qui accordent très peu d’importance aux savoirs locaux .
Les discussions furent intéressantes et riches en contenus; c'était l'occasion pour la communauté Kabakoo d’en apprendre plus sur les djéli et le djéliya et sur l’organisation des sociétés Mandingues.
Pour conclure, Djeli Bakoroba Diabate a incité les jeunes à aller à la recherche des savoirs endogènes africains. Selon lui, lorsqu'on comprendra que ces savoirs sont ce que nous avons de plus précieux, nous pourrons enfin dire que nous sommes sur une bonne voie nous donnant accès à de bonnes conditions de vies.