Nous sommes fiers d’avoir accueilli dans notre communauté apprenante Assitan Doumbia, 87 ans. Potière depuis plus de 70 ans, un métier qui se transmet de génération en génération dans sa famille. Assitan fait partie des pionnières de l’industrie céramique au Mali et collabore avec plusieurs sociétés et studios de design dans la conception d’accessoires en céramique.
Durant la visite au sein de son atelier, elle nous a parlé des techniques de la poterie traditionnelle, des coutumes et cultures liées à son métier et de son expérience artistique et professionnelle.
D’après notre nouvelle mentor
la poterie au Mali est en voie de disparition et il serait important de former la nouvelle génération dans le but de préserver ce métier très important.
Les techniques de la poterie qu’elle utilise sont très peu répandues : la première étape est l’obtention de la terre dans les profondeurs des rives du fleuve Niger dans une zone saine. Ce qui est de plus en plus compliqué vu les niveaux de pollution autour du fleuve ,ensuite l’écrasement des anciennes pièces et de la terre enfin de créer de la boue d’argile. Il faut longuement malaxer la terre, durant des jours. Puis les différentes étapes s'enchaînent de manière naturelle, dans les mains de potières et potiers expérimentés. Perçage, affinage, et façonnage transforment la boue initiale en bol, vase, assiette, et autres. Il faut alors laisser sécher, c'est la fin de la partie “façonnage”.
Après cette étape c’est l’étape finale : la cuisson. Pour la cuisson, on met les différentes pièces obtenues précédemment dans un four à une température de 850 à 1000°C pendant environ 10 heures. Après cette étape finale, Assitan Doumbia commercialise ses produits dans des marchés et des boutiques.
Autrefois ce métier était exercé par des personnes ayant un socle très spécifique de connaissances, mais avec les changements sociétaux, la poterie s’est répandue et tout le monde peut l'exercer par passion ou comme profession. Mais dans son essence, c’est un métier qui contient beaucoup de secrets spirituels et incite à la patience. Selon certains usages, par exemple, les canaris et les marmites conçues pour les jeunes mariées doivent respecter certains procédés de fabrication pour être sources de paix et de bonheur.
Selon Assitan Doumbia,
le monde a changé et a perdu beaucoup de ses valeurs puisque les jeunes ont délaissé les traditions et cultures locales. Et il est important pour la nouvelle génération d’aller à la quête de cela pour les combiner avec ce qui vient d’ailleurs pour améliorer nos vies.
Tout au long de sa carrière, elle a rencontré beaucoup de personnalités et a visité beaucoup de pays grâce à ce métier. Ce qui lui a permis de prendre en charge sa famille et de se construire une maison.
Elle a insisté sur l’innovation qui est possible avec des objets faits en terre et incité les jeunes jeunes de la communauté Kabakoo à faire de multiples créations qui inciteront la jeunesse a acheté les ustensiles faits avec de la terre. Ces ustensiles sont très bons pour la santé et l’environnement contrairement aux ustensiles en plastique ou en métal. D’après elle,
cuisiner dans une marmite en terre cuite est plus agréable que les marmites en fonte ou autre métal, ça ne dégrade pas la santé, c’est mieux pour la nature et en plus la sauce est bien plus délicieuse et plus odorante.
Dans son atelier, nous avons découvert de nombreuses créations, entre autres : un four en terre cuite, des cuillères à café, des assiettes modernes, des tasses de thé très fins et jolis; des vases de décorations et des œuvres d’arts.
Assitan Doumbia a initié toute sa famille dans la poterie, de ses enfants à ses arrières-petits-enfants, la terre n’a de secret pour aucun d’eux. Elle souhaite à l’avenir que ses petits-enfants créent une structure de formation qui formera des centaines de jeunes et avoir un grand magasin pour exposer leur produits.